Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Le travail de l’esprit politique   Epistémologie

Réflexion historique sur la transition des Lumières au cours années 1770-1780: invention sociologique et métaphysique politique.

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

Les vingt années qui précèdent 1789, donc le début de la Révolution française, sont riches en événements de toutes sortes, tant sur le plan des faits saillants, par exemple « la guerre des farines », qu’en matière d’auteurs marquants, en particulier dans le champ de la pensée matérialiste. Cependant ce moment historique, qualifié malencontreusement de « Lumières tardives », reste peu étudié, par rapport aux époques antérieure et postérieure, les "Lumières encyclopédistes" et la décennie révolutionnaire. En considérant, ainsi que nous le proposons, les années 1770-1780 comme un moment proto-politique – ou néo-politique – de la Révolution française, nous souhaitons donner à cette époque historique un relief particulier, un statut de transition à part entière entre les Lumières classiques et la décennie révolutionnaire, et au plus près d'un point de vue ontologique où l'articulation de la réflexion sociologique, présentement naissante, et de la novation politique en esprit occupe une place centrale, tout en se situant au plus près de l'analyse historique d'une crise conjoncturelle qui n'a rien, comme le pense un Turgot, d'une crise de croissance du marché en pleine expansion, mais qui nous renvoie à un authentique mouvement populaire. Il s'agit donc d'en faire le moment d'une révolution sociale, une première révolution française, et donc le socle de l'artifice politique mis en place au cours de l'année 1789, avec la création de l'Assemblée Nationale. Une transition qu'il convient d'évaluer au regard des critères des transitions en général, et donc de qualifier de "Transition des Lumières".

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Se remémorer l’histoire avec Walter Benjamin : du narrateur au flâneur   Epistémologie

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Notre objectif présent, dans cette courte réflexion, est d'interroger la manière dont s’opère, chez un certain nombre de philosophes juifs allemands du XXème siècle, et tout particulièrement Walter Benjamin, une ré-appropriation du passé selon une finalité messianique, c'est-à-dire par une nouvelle forme de captation de l'histoire dont l'apport se concrétise dans la promotion conjointe du narrateur et du flâneur. Notre intérêt pour une telle réflexion philosophique sur l’histoire tient donc au fait qu'elle peut s'avèrer d'un secours précieux dans les travaux des historiens, en particulier lorsqu’ils interrogent l’idée de révolution, à condition d'en préciser l'apport dans son intégralité.

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La propagande sectionnaire à Marseille en 1793.   Epistémologie

Approche sémiotique d’un parcours communicationnel

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans notre enquête historique sur le républicanisme à Marseille, nous avons montré que cette ville était le théâtre tout au long de l’année 1793 d’expériences républicaines inédites, tant de la part des jacobins radicaux que des républicains modérés, qualifiés par la centralité législative détenue par la Convention de « fédéralistes ». Plus récemment, nous avons actualisé cette recherche par diverses études republiées dans la rubrique Dossiers autour du thème du pouvoir communicationnel à Marseille pendant la Révolution française. La plus originale de ces expériences communicatives sur le terrain des identités politiques, ou du moins la moins connue, demeure le mouvement sectionnaire du printemps-été 1793 dont Alessi Dell’Umbria, dans son récent livre sur l’Histoire Universelle de Marseille (2006) a pu faire, à partir de nos travaux, un modèle de démocratie de quartier, c’est-à-dire de démocratie locale basée sur le droit du peuple à l’insurrection contre la tyrannie du pouvoir exécutif, incarnée alors par la Convention Montagnarde. S’il en vient ainsi à mettre en cause, par contraste avec une telle expérience de démocratie directe, l’universalité abstraite des idéologues jacobins, et son pendant, le culte quasi-religieux de l’Etat-Nation, nous retenons plutôt de son analyse de la démocratie sectionnaire l’accent mis sur une manifestation de souveraineté locale « d’où part et revient sans cesse l’universel ».

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A proposito di felicità, rivoluzione francese, banche dati e linguistica computazionale.   Epistémologie

Par Cesare Vetter, Università di Trieste

Traduction française (pdf) - English translation (pdf)

Fin dalla metà degli anni Novanta ho aperto – presso il Dipartimento di Storia dell’Università di Trieste – un cantiere di lavoro sull’idea di felicità nel XVIII e XIX secolo. Un cantiere di lavoro che comprende ricerche mie personali, discussioni con i colleghi, confronti con gli studenti nell’attività didattica e un ampio e organico piano di tesi di laurea. L’analisi dell’idea di felicità incrocia le problematiche affrontate in precedenti lavori. Integra e per molti versi arricchisce la riflessione sulla dittatura (1) . È mio fermo convincimento che la nozione di felicità è terreno privilegiato – e finora non sufficientemente frequentato – per ricostruire i percorsi del pensiero e dell’iniziativa politica in età moderna e contemporanea. Anche per la nozione di felicità – così come per altre grandi questioni dell’Ottocento e del Novecento – la rivoluzione francese costituisce snodo essenziale.

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Analyse du discours : quand l’anarchie invite à la convergence   Epistémologie

Par Marc Deleplace, IUFM de Reims.

Sans doute la rencontre entre analyse du discours et histoire peut-elle apparaître, au travers des débats animés et pas toujours amènes qui en jalonnent les étapes, comme essentiellement conflictuelle. Sans ignorer les différentes hypothèques qui pesèrent d’emblée sur les rapports entre une discipline constituée et un domaine de recherche en quête de reconnaissance, je souhaiterais ici revenir sur la manière dont cette rencontre a pu s’effectuer pour un jeune historien des années 1990, témoin décalé des affrontements fondateurs. L’analyse du discours interroge doublement l’écriture de l’histoire, dans la mesure où celle-ci est elle-même double, c’est-à-dire écriture du témoin et écriture de l’historien. Le point commun de cette double interrogation résidant en la manière dont l’analyse du discours soulève la question de la non transparence de la langue. Mon propos sera donc, tout en retraçant un parcours personnel en analyse du discours, d’en suivre les effets aussi bien dans la lecture de l’archive que dans la production et la mise en forme des résultats.

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